podcast enfanter librement

Quand Abraham et Ekaterina ont appris que leur fille se présentait par les fesses, ils ont mis plusieurs stratégies en place.

Dans cet épisode, ils nous parlent de l’importance du mindset en lien avec la nature imprévisible de l’enfantement. Il nous partage également toutes les étapes qui les ont mené à la naissance de Ada, incluant la tentative de version et toutes les astuces qu’ils ont mis en place.

Cet épisode est particulièrement riche en émotion. Ils nous démontrent à quel point il est important d’être résilient à l’approche d’un accouchement.

LES ASTUCES QUE EKATERINA A UTILISÉES POUR JONGLER AVEC LA DOULEUR

  • Bain
  • Ballon
  • Création de l’ambiance dans la chambre
  • Lumières tamisées
  • Positions et stations
  • Sons
  • Sons +++ qu’ils avaient pratiqués pendant la grossesse

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    Exercices que Ekaterina et Abraham ont fait ensemble

    L’objectif est de se préparer aux différents scénarios et de jumeler les 2 mindsets

    • Naissance vaginale par siège
    • Césarienne si le travail ne se met pas en route
    • Césarienne si ça ne va pas assez vite (présentation de plateaux)

    LES ÉTAPES

    1. Avantages et inconvénients d’adopter un mindset.

    2. Trucs pour jumeler les mindsets. Par exemple, voir les contractions comme positives peu importe si la naissance a lieu vaginalement ou par césarienne.

    3. Définir les grandes résistances.

    4. Remettre en perspective les résistances.

    Les sujets abordés dans cet épisode

    • Accouchement en milieu hospitalier (hôpital)
    • Bébé en siège
    • Version
    • Césarienne
    • Importance du soutien du.de la partenaire
    • Lâcher-prise
    • Peur de ne pas pouvoir vivre un accouchement physiologique
    • OPALEO Naissance
    • Phase de latence
    • Rôle du/de la partenaire
    • Siège (bébé se présente par les fesses)

    Interventions dont il est question dans cet épisode

    • Anesthésie rachidienne
    • Césarienne
    Transcription de l'épisode

    Annie, ta Doula Ostéo

    Aujourd’hui, je te présente Ekaterina et Abraham qui nous racontent leur histoire pleine de rebondissements. Pour que tu puisses choisir d’écouter l’épisode en toute connaissance de cause, je t’annonce dès maintenant que leur fille est finalement née par césarienne. Leur histoire, tu le découvriras dans quelques secondes, nous rappelle l’importance de la résilience et de l’ouverture face aux imprévus qui peuvent se présenter.

    On entend bien ma petite fille derrière, Ada, qui est au sol et qui participe à sa façon à l’enregistrement. Abraham est mon fils et Ékaterina, c’est ma belle-fille d’amour.

    Vous êtes là aujourd’hui pour nous partager l’expérience de la naissance de votre première fille. Une expérience, comment on pourrait la qualifier? Quel adjectif on pourrait utiliser?

    Ekaterina

    Pleine de rebondissements!

    Annie, ta Doula Ostéo

    Vous allez voir que probablement qu’une histoire comme la leur, vous n’avez jamais encore entendu ça. C’est quand même une expérience qui est très rare en termes de récurrence.

    Ekaterina

    En termes de statistique, je pense qu’on n’est pas pire.

    Annie, ta Doula Ostéo

    Ça été une grossesse qui a été désirée.

    Ekaterina

    Oui, très planifiée.

    Annie, ta Doula Ostéo

    Vous m’avez même pris par surprise parce que vous m’aviez dit «Prépare-toi, ça s’en vient» mais je ne m’attendais pas à ce que ça soit aussi efficace.

    La grossesse s’est assez bien passée?

    Ekaterina

    Honnêtement, grossesse parfaite. Il n’y a rien à redire. Ça a super bien été. Tout était beau. C’était un petit nuage.

    Annie, ta Doula Ostéo

    Pour toi, Abraham?

    Abraham

    Oui, moi aussi, c’était bien moins pire. Je m’attendais à pire.
    Ekaterina était une femme enceinte et très vivable.

    Annie, ta Doula Ostéo

    Est-ce que tu t’attendais à ce qu’elle ait des sautes d’humeur et tout?

    Abraham

    Oui, mais elle faisait juste dormir.

    Ekaterina

    Moi aussi je m’attendais à ça. À avoir des cravings, à avoir des sautes d’humeur, mais finalement j’étais quand même fine.

    Annie, ta Doula Ostéo

    Tout s’est très bien déroulé jusqu’à temps qu’on arrive en presque fin grossesse. Là il est arrivé un événement qui a fait tout basculer.

    Mon bébé est en siège

    Ekaterina

    À l’échographie de 32 semaines, c’est là qu’on a appris qu’elle était en siège.

    On avait encore plusieurs semaines pour que Ada se retourne.

    Ils nous disaient qu’avant la 36e semaine, idéalement, elle serait retournée la tête vers le bas.

    À la maison, on a travaillé fort, on a fait des inversions, tous les trucs qu’on pouvait trouver pour essayer de l’encourager à se tourner.

    À 36e semaine ils ont confirmé qu’Ada était encore en siège.

    Annie, ta Doula Ostéo

    Il y a eu un moment où vous m’avez texté en me disant « Ça y est! »

    Je ne sais pas si vous vous souvenez de ce moment-là, où vous avez eu l’impression qu’elle s’était retournée à la maison.

    Ekaterina

    Oui, oui, oui, je m’en souviens.

    J’étais en train de faire une inversion justement dans ma chambre et j’étais pas mal sûre qu’Ada s’était retournée parce qu’elle avait fait un gros, gros mouvement. Puis bon, on ne saura jamais si elle s’était vraiment retournée ou pas.

    Une semaine plus tard, chez le médecin, elle était encore en siège.

    Donc, est-ce qu’elle s’est retournée puis re-retournée, on ne le saura jamais.

    Annie, ta Doula Ostéo

    Et entre ce 32 et ce 36 semaines de grossesse, quel est votre état? Est-ce que vous êtes zen? Est-ce que vous commencez à sentir que le stress monte?

    Abraham

    J’avais espoir qu’elle se retourne. Je pense qu’on avait dit que c’était 30% de chance que ça fonctionne.

    Puis il y avait un certain nombre de bébés qui retournaient naturellement après un certain temps.

    Donc ça ne m’inquiétait pas trop.

    C’est sûr que c’est facile pour moi à dire en tant que papa, mais la césarienne ne me stressait pas vraiment. Je souhaitais l’éviter parce que je savais que ce n’était pas l’idéal pour Ekaterina. Mais c’est sûr que je n’avais pas peur pour Ada.

    Annie, ta Doula Ostéo

    Donc, pour toi, Abraham, l’idée d’avoir une césarienne, parce que Ada restait en siège, ce n’était pas quelque chose qui te dérangeait mais toi Ekaterina, tu avais un grand désir de vivre un accouchement physiologique.

    Ekaterina

    Vraiment. C’est sûr que moi, quand j’ai su qu’elle était en siège, ça a commencé à me stresser, mais Abraham était quand même bon pour me garder les pieds sur terre.

    Il me sortait les chiffres comme de quoi j’avais encore beaucoup de chance qu’elle se retourne.

    J’ai essayé de mettre ça de côté, en me disant, « Écoute, on fait qu’est-ce qu’on peut, là. J’ai même fait de l’acupuncture.

    Annie, ta Doula Ostéo

    Vous avez tout fait ce qui était possible de faire, là, pour la convaincre. Et d’où ça venait, cette envie-là pour toi d’avoir un accouchement physio?

    Ekaterina

    C’est une méchante bonne question. J’ai envie de dire que tu m’as influencée, c’est sûr!

    Je ne suis pas quelqu’un qui aime ça être médicamentée en général. D’habitude j’essaie de limiter le plus possible.

    On dirait que je voyais ça un peu comme un défi personnel de lâcher prise, parce que tu me connais, j’aime ça contrôler, mes affaires sont planifiées à l’avance, je sais comment ça va se passer, etc.

    Pour moi, c’était vraiment un beau défi que je voulais relever en tant que personne pour essayer d’avoir plus de lâcher prise. Moi je dirais que c’est pour ça en majorité pourquoi je voulais le vivre naturellement.

    Et en même temps pour la connexion aussi que j’allais avoir avec Ada, c’est d’être comme plus dans notre bulle, question d’intimité.

    Donc 36e semaine est toujours en siège. On essaye une version et la version échoue.

    Tentative de version

    Annie, ta Doula Ostéo

    Comment ça fonctionne? Est-ce que vous êtes d’accord pour nous raconter là concrètement comment se déroule la version d’un bébé en siège?

    Ekaterina

    Oui, tu arrives à la salle de triage de la salle des accouchements.

    Ils commencent par monitorer ton bébé pendant 20 minutes pour avoir une petite idée de comment ça se passe pour lui.

    Après ça, ils t’envoient dans une autre salle, une salle d’hôpital assez standard, très petite, où ils font des échographies.

    Puis c’est là aussi qu’ils vont faire ta version.

    Donc tu es couché sur un lit tout simplement et le médecin va faire des échographies pour vérifier la position du bébé au départ et monitorer son cœur pendant les manœuvres de version pour être sûr qu’il va bien.

    Puis là, dans le fond, la façon dont ça fonctionne, c’est que toi, tu es couché sur le lit qui est quand même assez bas, le médecin se lève debout puis va appuyer sur ton ventre pour essayer de faire bouger le bébé manuellement. Ça fait que c’est très physique. Tu vois, le médecin il pousse. C’est très physique comme intervention.

    Annie, ta Doula Ostéo

    Oui, il y a certaines mères qui vont partager que ça leur a fait mal. Il y en a d’autres qui vont partager que c’était pas confortable mais qu’il n’y avait pas vraiment de douleur. Mais dans ton cas, ça n’a pas duré longtemps.

    Ekaterina

    Non, je pense qu’elle n’a pas essayé très longtemps parce que le coeur d’Ada a commencé à descendre. Donc, elle a arrêté tout de suite à ce moment-là.

    Elle a quand même essayé plusieurs fois dans des sens différents, puis dès que le cœur d’Ada a baissé, elle a arrêté tout de suite.

    Donc la prochaine étape, c’est de voir est-ce que c’est possible de faire un accouchement vaginal par siège.

    On était chanceux parce que c’était un hôpital qui le considérait, tandis qu’il y a certains hôpitaux qui vont aller directement en césarienne si le bébé est en siège.

    Donc là on avait une liste de critères auxquels il fallait répondre pour pouvoir donner naissance par siège.

    Annie, ta Doula Ostéo

    Est-ce que ce sont des tests qui ont commencé tout de suite?

    Ekaterina

    Ça a été super efficace.

    Il y avait une mesure de la quantité de liquide amniotique. C’est via l’échographie qu’ils ont été capables de déterminer ça.

    L’autre test que j’ai fait, c’est le scan du bassin pour savoir si ton bébé va pouvoir passer en position de siège. Il t’envoie dans un autre département pour faire le scan. Ça a duré deux minutes, super rapide, aucunement invasif.

    Puis ils te rappellent plus tard pour te dire que c’est correct.

    Annie, ta Doula Ostéo

    Et là, comment vous vous sentez en sortant de là? La version n’a pas fonctionné.

    Vous avez l’espoir de pouvoir donner naissance vaginalement. Est-ce que ça c’est clair pour vous autres que c’est ce que vous vouliez ou il y a une partie de vous autres qui doutait?

    Ekaterina

    Moi c’était sûr que si je respectais les critères, j’allais l’essayer. Je ne me rappelle pas avoir eu un doute par rapport à ça.

    Abraham

    Il n’y avait pas vraiment d’inconvénients à essayer. Le pire des cas qui arrivaient, c’était d’aller en césarienne, mais si tu ne le faisais pas, tu allais en césarienne de toute façon.

    La réponse suite à l’évaluation pour un accouchement en siège

    Annie, ta Doula Ostéo

    Combien ça a pris de temps avant que vous ayez le téléphone pour vous donner la réponse?

    Abraham

    Le soir même.

    Ekaterina

    Le médecin nous appelle le soir même et me confirme que je respecte tous les critères, on peut procéder à un accouchement en siège.

    Elle m’explique comment ça se passe parce qu’ils sont un peu plus sévères quand tu donnes naissance par siège.

    Ils ne veulent pas que ça tarde trop.
    Il ne fait pas qu’il y ait de plateau pendant le travail.
    Il faut que ton travail se déclenche naturellement.

    Mais là, à ce moment-là, on a quand même de l’espoir.

    Après la 36e semaines

    Annie, ta Doula Ostéo

    Ça remet sûrement un petit regain d’espoir.
    Et là, qu’est-ce qui se passe pour vous autres dans les jours qui suivent?

    Ekaterina

    Bien là, on est rendu à 36 et demi à peu près.

    Intérieurement je continuais quand même à espérer qu’elle se retourne de bord, ça serait donc plus simple.

    On continue notre vie mais la césarienne commence de plus en plus à me trotter dans la tête dans le sens où j’en ai peur. Ça commence à jouer sur mon moral pas mal.

    Annie, ta Doula Ostéo.

    Abraham, est-ce que tu es témoin de ça, à ce moment-là? Est-ce que tu te rends compte que pour Ekat c’est difficile ce temps-là?

    Abraham

    Oui, on a beaucoup de discussions sur le sujet. C’est un thème récurrent.

    Annie, ta Doula Ostéo

    Comment ça s’exprimait Ekat, est-ce que tu pleurais, est-ce que tu te sentais triste? Comment ça s’exprimait dans ton quotidien?

    Ekaterina

    J’avais des petits épisodes de pleurs, pas mal tous les jours.

    Je dirais que le restant de la journée, ça allait bien. On dirait que ta journée retombe, tu as le temps de penser à tout. Le stress commence à monter de plus en plus.

    Jusqu’à ce qu’Abraham me prenne un peu en charge et qu’ils me dise
    « Bon, là, il va falloir trouver une solution pour que ça se passe. Pour qu’on revienne dans le positif.

    Le problème principal, c’est que j’avais beaucoup de difficulté à jumeler le mindset:

    «Je me mets en mode accouchement vaginal, let’s go »

    versus le mindset
    «Je me prépare mentalement à accepter le fait que j’ai un césarienne».

    Pour moi, ces deux mindsets-là ne fonctionnaient pas ensemble, ils étaient contre-productifs.

    Si je me lançais dans un, ça allait nuire à l’autre et vice-versa. Alors on a décidé de faire un petit exercice ensemble.

    Première étape: dresser les avantages et inconvénients des deux minsets.

    Dresser pour chacun des mindsets, quels sont les avantages ou les désavantages à adopter le mindset.

    Moi je ne voulais pas rentrer dans les avantages et les inconvénients d’une césarienne versus accouchement vaginal parce que de toute façon, je n’allais pas avoir le choix.

    Au final, c’est ça qui me préoccupait.

    Donc c’est de regarder par exemple, si je me mets dans un mindset, “je vais avoir une césarienne”. Quels sont les avantages versus quels sont les désavantages?

    Puis après ça c’est propre à chacun. C’est de dresser ces deux listes-là.

    Deuxième étape: Jumeler les deux minsets

    La deuxième étape, c’est de voir quels sont les trucs qu’on peut mettre en place pour jumeler les deux mindsets pour éviter justement d’être en contradiction et de constamment alterner dans ma tête entre les deux.

    Donc comment est-ce qu’on peut faire pour les lier ensemble.

    Rapidement, on a vu que certains éléments pouvaient être mis en commun et profiter aux deux mindsets.

    Premier exemple:

    Je ne vais pas mesurer mes contractions, Abraham va le faire de façon semi-cachée. Je ne veux pas en avoir conscience. Ça va me permet de rester avec le flow et d’éviter que je switche tout le temps au mode «est-ce que ça déclenche? Est-ce qu’on est proche?

    Deuxième exemple:

    C’était de voir les contractions comme quelque chose de positif, peu importe si ça aboutit à un accouchement vaginal ou pas.

    On sait que les césariennes planifiées sont associées à différents risques pour le bébé qui ne sait pas ce qui arrive. Soudainement je sors du ventre de ma mère, je n’ai pas été averti.

    Donc de voir les contractions comme un avertissement pour mon bébé, peu importe la façon dont il va sortir. De se dire: chaque contraction est positive, même si au final j’accouche par césarienne.

    Troisième étape: trouver les points de résistance

    La dernière étape, qui était pour moi la plus importante.

    C’était de trouver mes grands points de résistance par rapport à la césarienne. Et après de relativiser chacun d’eux.

    Par exemple, il y avait le fait qu’avec la césarienne, le retour au sport, ce serait plus difficile.

    Pour moi, c’était un élément qui était très important.

    Concrètement, quand est-ce que je vais pouvoir recommencer l’escalade?

    Quand est-ce que je vais pouvoir reprendre une marche, etc.

    Quels sont les faits au final?

    Pas essayer de juste y aller au feeling. Concrètement, ça va être quoi? À quoi m’attendre? Donc, d’essayer de relativiser ces points-là de résistance par rapport à la césarienne.

    Puis je vous cacherais pas, on a n’a pas été capable de relativiser tous les aspects.

    Pour certains points, on ne pouvait pas rien y faire. Mais juste de les valider, puis de les confirmer, de dire « ok voici les gros éléments avec lesquels va falloir que je travaille ».

    Déjà là, ça paraissait moins gros parce que je savais sur quoi j’allais devoir travailler.

    Abraham

    On ne savait pas la date de la césarienne. Notre médecin avait dit qu’on allait la planifier à 39. Mais comme Ekaterina préférait un accouchement normal, elle allait essayer de planifier la césarienne le plus tard possible.

    Ekaterina

    Ouais, exactement. Je pense que ma date de prévue d’accouchement c’était lundi et ma césarienne était prévue pour la fin de la semaine suivante.

    Annie, ta Doula Ostéo

    Je me souviens que ça a créé un stress supplémentaire. En plus d’espérer pouvoir donner naissance vaginalement par siège, il y avait un autre élément qui se rajoutait, il faisait en plus, que ça arrive avant une date butoir.

    Ekaterina

    Oui, il fallait que je déclenche naturellement, relativement rapidement. Ça aussi, on a essayé tous les trucs de grand-mère possibles et imaginables pour que ça se déclenche naturellement.

    Et ça a fonctionné au final. Mais ça aussi, c’est un gros stress.

    Phase de latence

    Ekaterina

    Ma latence a commencé à la 38e semaine. Pratiquement toutes les nuits, on avait des périodes de contraction de 1 à 3 heures pendant la nuit, jusqu’au jour J où finalement le lendemain matin, ça a démarré.

    Annie, ta Doula Ostéo

    Avant le jour J, vous étiez découragée. Abraham, je me souviens que tu m’en as parlé à quelques reprises. Que vous espériez à chaque fois que ça s’enclenche réellement et que finalement ça finissait toujours par s’arrêter. Je pense que c’était toujours un peu une petite déception?

    Ekaterina

    Oui, il y avait toujours le stress que finalement, ça ne s’enclenche pas assez rapidement pour éviter la césarienne planifiée.

    Abraham

    Ton médecin avait examiné ta dilatation, mais t’avais demandé à ne pas la connaître. Donc à ce moment-là, on ne savait pas non plus si tu étais proche ou loin au niveau de la dilatation.

    Annie, ta Doula Ostéo

    Et vient un moment donné où le travail s’enclenche vraiment?

    Ekaterina

    Pendant la nuit, j’ai eu des contractions comme d’habitude. Je me suis rendormie. Le lendemain matin, très tôt, ça a recommencé. Beaucoup plus fort. Puis là, on se dit « OK, là, ça c’est la bonne ».

    Annie, ta Doula Ostéo

    On parle de plusieurs heures où vous avez travaillé ensemble en duo, on peut dire en trio aussi parce qu’évidemment, Ada faisait partie de l’aventure, mais vous avez travaillé fort. Comment ça s’est passé?

    Abraham

    Je pense que ça s’est bien passé. Je pensais que ce serait plus intense que ça. J’étais pas conscient que Ekat était rendue aussi loin dans son travail à ce moment-là. Je pensais qu’on était juste encore en préparation. Surtout, qu’en plus, on ne connaissait pas sa dilatation.

    Moi, ma peur principale, c’était presque plus d’arriver trop tôt que trop tard. Donc c’est sûr que moi, j’étais très, très vigilant à ne pas trop me faire de faux espoirs.

    Je me disais « OK, il n’est pas encore en train de crier. C’est probablement pas encore ça.

    Ekaterina

    Moi j’ai trouvé ça extraordinaire, j’ai des super bons souvenirs de mon travail. Abraham me prenait en charge, mais il me laissait l’espace de dire ce que je voulais, si je voulais quelque chose de différent.

    Il m’encouragait beaucoup en prenant très peu de place. Il était présent, et il me laissait complètement dans ma grotte. Après ça, tu sais, lui faisait ses affaires, il préparait le sac, etc. Je le savais qu’il faisait quelque chose, Mais il me laissait dans mes affaires, c’était exactement le bon niveau de présence.

    Annie, ta Doula Ostéo

    Les mammifères, quand on donne naissance, on a besoin de se sentir en sécurité. On a besoin de se sentir libre et de pas avoir quelqu’un qui est tout le temps là à regarder tous les détails tout ce qu’on est en train de faire.

    Ekaterina

    Exactement. Je n’avais pas l’impression qu’il était en train de m’observer, de se poser des questions ou d’analyser, pas du tout.

    Il était prêt, puis ils prennent en charge tout ce qu’ils peuvent prendre en charge.

    Annie, ta Doula Ostéo

    Et concrètement, qu’est-ce qui se passait?
    Est-ce que tu prenais des positions?
    Tu allais dans le bain?
    Est-ce que tu faisais des sons?
    Qu’est-ce que vous avez fait pendant ces heures-là?

    Ekaterina

    On a fait plein de positions. À quatre pattes dans le lit, à côté sur le ballon, parce qu’on avait un ballon d’exercice à la maison.

    Le bain quelques fois.
    Je m’accrochais au cou d’Abraham.
    La toilette aussi.

    On avait mis de la petite musique aussi pour l’ambiance.
    Il y avait des bougies.
    C’était quasiment romantique.

    Annie, ta Doula Ostéo

    Est-ce que c’est le qualificatif que tu aurais utilisé Abraham? Un moment romantique avec ton amoureuse?

    Abraham

    Peut-être pas romantique, mais c’est une assez bonne description.
    Je courais un peu partout à déplacer des bougies selon où elle voulait aller. Partir le bain, chauffer l’auto, faire la tisane.

    Annie, ta Doula Ostéo

    Comment tu t’es senti de voir Ekaterine qui travaillait aussi bien, aussi fort, est-ce que ça a fait élever des émotions à l’intérieur de toi?

    Abraham

    À ce moment-là, c’était un petit peu routine. Je m’occupais de Ekat mais je n’avais pas l’impression qu’on était en train d’accoucher.

    Ekaterina

    Mais pour vrai, ça s’est bien passé même si ça fait mal. C’est dur à décrire. Le mot contraction, c’est vraiment un bon mot.

    Mais tu sais, c’est vraiment ça, ça se contracte pendant une minute, puis après ça, ça disparaît.

    Annie, ta Doula Ostéo

    Ça devait être full hormone aussi?

    Ekaterina

    Oui, j’étais dans mon monde.

    Annie, ta Doula Ostéo

    Abraham, est-ce que tu avais des indices qui te permettaient de voir qu’elle était vraiment dans sa piscine hormonale?

    Abraham

    La dernière matinée, le matin de la naissance, oui. Avant ça, j’aurais pas vraiment pu dire si c’est parce qu’elle était dans sa bulle hormonale ou parce qu’elle était à 3h du matin.

    Annie, ta Doula Ostéo

    Qui prend la décision de partir pour l’hôpital?

    Abraham

    Dans les soirées précédentes, on avait déjà appelé à l’hôpital à plusieurs reprises au centre de naissance. Puis à chaque fois que je leur décrivais la situation, ils n’avaient jamais l’air mal stressés. Ils me disaient toujours « Restez chez vous, ça va être plus confortable pour vous.

    Puis d’ailleurs, je t’appelais toi aussi, puis tu avais les mêmes réponses pour moi. Donc, je devais vraiment être très mauvais à décrire la situation.

    Mon raisonnement, c’était: « personne stresse, on est probablement encore juste au début, je ne veux absolument pas aller trop vite à l’hôpital ».

    Donc là, j’ai vraiment entendu que Ekat me dise « on va à l’hôpital ». OK, c’est parfait, je vais commencer à préparer les affaires pour aller à l’hôpital.

    Annie, ta Doula Ostéo

    C’est quand même assez impressionnant. En général, pour les hommes, pour les compagnons, pour les blondes, c’est quand même un moment qui est très impressionnant.

    Quand on arrive vers la fin de la dilatation,là je suis un peu en train de brûler le punch, mais c’est là que vous en étiez.

    Est-ce que tu penses que c’est parce que dans le fond ça fait depuis que tu es haut comme trois pommes que je te parle d’accouchement d’enfantement physio ou c’est les vidéos ou c’est parce que tu es juste bien relaxe?

    Qu’est-ce qui a fait finalement que tu as été aussi zen dans un moment où ta blonde était en transition, en fin de dilatation?

    Abraham

    Probablement un mélange des trois, mais encore une fois, c’est sûr que Ekat gérait très bien la douleur. Par exemple, Ekat ne m’a jamais parlé de douleur excessive.

    Annie, ta Doula Ostéo

    Eka, qu’est-ce que fait que tu t’es dit « ok, ça y est, on s’en va à l’hôpital?”

    Ekaterina

    Ben là, ça commençait à faire vraiment mal. Avant ce moment, la position que je prenais jouait un rôle sur mes sensations. À partir de là, j’avais l’impression que peu importe comment je me mettais, le douleur est vraiment importante.

    Puis je me suis dit ok, ça fait trop mal. Et peut-être qu’une des raisons c’est que j’avais toujours pas crevé mes eaux. Peut-être ça qui m’a aidé au niveau de la douleur.

    Annie, ta Doula Ostéo

    J’imagine que tu t’es beaucoup abandonné. Tu as fait des gémissements, des sons. Tu as utilisé des stratégies qui t’ont permis de surfer sur la vague comme ça?

    Ekaterina

    C’est clair. J’étais dans mon monde. Je faisais mes affaires, une contraction à la fois.

    Ça a passé super vite, vraiment.

    On avait regardé les vidéos OPALEO avant. Je n’avais pas à réfléchir. C’était des trucs qui étaient déjà intégrés. On avait appris tout ça par coeur. Abraham me guidait dans les différentes positions que je voulais prendre pour m’aider.

    J’étais super à l’aise à faire des sons. On s’était pratiqués, c’était bien drôle. On s’était pratiqués pour que je sois à l’aise le jour J.

    On a aussi fait quelques massages. Finalement, c’était pas trop mon truc, mais on a essayé.

    On a utilisé tous les outils qu’on avait eus avec les vidéos et ça a vraiment été gagnant finalement.

    Annie, ta Doula Ostéo

    Puis les sons, quand tu dis que vous étiez pratiqué. Vous habitez en appartement, est-ce que c’est un petit stress pour toi ou t’en avais rien à cirer des voisins?

    Ekaterina

    Ben, je dirais avant d’être dans les hormones, c’était un petit stress pour moi. Après ça, j’en avais rien à cirer. Je me suis dit: ils savent que je suis enceinte.

    Annie, ta Doula Ostéo

    Vous arrivez en mini-hospitalier sur le département d’obstétrique, vous êtes accueillie.

    Ekaterina

    On arrive dans la salle de triage. L’infirmière qui est là, elle regarde ma dilatation. C’est là, surprise, je suis à 10 centimètres. Dilatation complète. « Ah, yeah, génial, my God, c’était facile finalement. On a déjà rendu là.»

    Il reste “juste” la poussée. Mais là, la fin de sa phrase, c’est « Par contre, je sens des pieds.»

    Ce qu’il faut savoir, c’est qu’un accouchement en siège, ce n’est pas n’importe quel. Il faut vraiment que ça soit par les fesses. C’est ça que les hôpitaux veulent.

    Puis là, elle nous dit, les pieds, c’est une césarienne, il n’y a aucune négociation possible.

    Là, on pogne un méchant drop. On s’était préparé pour plusieurs scénarios, et ça c’était dans aucun de nos scénarios. Ça a pété notre bulle.

    Annie, ta Doula Ostéo

    Comment tu reçois ça? Est-ce qu’avec le recul, tu comprends ce qui se passe?

    Abraham

    Ekaterina

    Je suis en déni total. Je suis comme « non, non, elle va se replacer, elle va bouger.

    L’infirmière a fait venir l’obstétricienne qui a confirmé que mon bébé se présentait par les pieds. Après ça, elle a fait venir la gynécologue, qui a le même pronostic.

    Annie, ta Doula Ostéo

    Oui, là, t’es couchée sur le dos pour trois examens back to back?

    Ekaterina

    Moi je continue à avoir des contractions pendant ce temps-là, parce qu’on est rendu pas mal vers la fin. Là on est pas mal au pic de l’intensité.

    J’ai demandé une échographie. Je voulais voir, s’il y avait vraiment les pieds. Je me disais, imagine, finalement c’est pas les pieds, ça serait niaiseux que j’ai une césarienne pour rien.

    À un moment donné, je n’ai pas eu le choix. Pour la sécurité de mon bébé, je n’ai pas eu le choix. J’ai dit, d’accord pour la césarienne.

    Annie, ta Doula Ostéo

    Toi, Abraham, Je pense qu’avec le recul, c’est le moment qui a probablement été le plus difficile pour toi.

    Ta blonde qui dit non, je veux pas de césarienne. Les médecins qui disent oui, il faut faire une césarienne.

    Toi, comment tu te sens à ce moment-là?

    Abraham

    Ça a définitivement été un moment assez triste. Il n’y avait pas vraiment d’alternative proposée.

    Ce n’était pas une urgence dans le sens qu’il y a personne qui courait partout, mais il n’y avait pas vraiment…

    Aussitôt que la gynéco a fait l’examen, c’était « OK, c’est bon, on s’en va au bloc. Il faut qu’elle pousse le moins possible parce que le pied était dans le vagin.

    Ekaterina

    Les infirmières me disaient: « Madame, je vais vous prendre une prise de sang, ça va piquer », mais il y a tellement de personnes autour de moi, j’étais pleine d’hormones.

    J’étais pas capable d’associer les voix à ce qui se passait. Fait qu’elle avait beau me le dire quand elle me prend une prise de sang, ça me surprenait quand même.

    Tout le monde qui me tripotait par tous les bras pour essayer de me brancher, c’était très déroutant. C’était effrayant.

    Il me disaient « pousse pas », c’est bien beau là, mais je ne choisis pas, ça pousse! Les contractions continuaient, le procédé était enclenché, j’avais aucun contrôle là-dessus.

    Je veux dire, Ada s’en venait, s’il y avait eu personne autour, elle serait sortie, et that’s it!

    Annie, ta Doula Ostéo

    Tu quittes pour le bloc opératoire. Abraham, est-ce que tu restes dans la chambre ou tu as la chance de l’accompagner pendant un petit moment vers le bloc?

    Abraham

    Jusqu’à l’ascenseur.

    Ekaterina

    On a été séparés. Ça, ça a été dur. Je me rappelle que je disais aux infirmières: « Il est où mon chum? Allez chercher mon chum? Depuis le début de mon travail, c’était mon pilier. De ne pas l’avoir, c’était méga déroutant. J’étais paniquée, sans bon sens.

    Annie, ta Doula Ostéo

    Est-ce que tu as des souvenirs d’Abraham qui revient dans la pièce ou pas du tout?

    Ekaterina

    Non, je le sais qu’il était là vers la fin de la césarienne. Je me rappelle qu’il était juste en arrière de moi, comme à côté. Je sens sa présence. Pour moi, tout ça c’est flou.

    Annie, ta Doula Ostéo

    Toi pendant ce temps-là, Abraham, donc tu es vis-à-vis de l’ascenseur, puis là il y a quelqu’un qui vient te chercher pour te préparer, comment ça se passe?

    Abraham

    J’étais à côté de la civière. Il y a un infirmière qui me retient dans le temps que la civière continue d’avancer.

    « Vous devez rester ici, on va revenir vous chercher » et puis là, elle s’en va.

    Moi j’ai commencé à poser des questions, mais en toute évidence, elle avait d’autres choses à faire. Donc, j’ai pas vraiment eu d’informations. C’est sûr que pour moi c’était un moment qui a été difficile.

    Ça a pris 10-15 minutes peut-être.

    Puis dans ce temps-là, moi j’essayais de retrouver mon infirmière, mais je ne la trouvais pas. Probablement qu’elle était avec Ekaterina. Elle a fini par revenir me chercher.

    Annie, ta Doula Ostéo

    Puis quand tu es entré dans la salle d’opération, quel est le souvenir que tu as? Est-ce que Ekat avait les yeux ouverts? Est-ce qu’elle dormait? C’est quoi le souvenir que tu as?

    Abraham

    Les yeux ouverts, mais un peu dans les vapes.

    Annie, ta Doula Ostéo

    Est-ce que tu te souviens qu’Ada a été mise sur ton torse après sa naissance?

    Ekaterina

    Je me souviens qu’ils me l’ont montré, là. Tu sais, qu’ils l’ont mis comme Simba, le roi lion, au-dessus du drap. Ils ont dit « Ah! C’est votre bébé! »

    C’est vraiment triste. C’est comme si je voyais les images, mais je ne les interprétais pas du tout. J’ai l’image dans ma tête, je me rappelle de Ada, au-dessus du drap, toute ensanglantée. Mais J’ai pas compris que c’était mon bébé.

    Annie, ta Doula Ostéo
    Est-ce que tu penses que ça a influencé le lien que tu as tissé avec ta fille?

    Ekaterina

    C’est sûr que oui, parce que j’ai eu beaucoup de peine. Ada, je l’adore. Aujourd’hui, je l’adore, mais ça a pris du temps. Je te dirais un bon deux mois. Je savais que c’était ma responsabilité, je savais que c’était mon bébé, je savais que je l’avais voulu, mais le lien n’était pas là. Zéro. Pis ça, j’ai trouvé ça difficile.

    Mais au niveau de la césarienne, j’ai finalement récupéré plus vite que prévu.

    Annie, ta Doula Ostéo

    Et tu commences à penser à ton futur magnifique accouchement vaginal.

    Ekaterina

    Voilà, exactement. On va avoir une autre chance, on croise les doigts. C’est sûr que j’espère quand même intérieurement que je vais me rendre au bout la prochaine fois.

    Annie, ta Doula Ostéo

    Abraham, de ton côté, en rétrospective, qu’est-ce que toute cette expérience-là vous a apporté, tu dirais?

    Abraham

    Ben, premièrement, elle nous a apporté Ada. C’est quand même chouette. Mais sinon non je pense que je veux dire, si on pouvait avoir le bébé livré par une cigogne, je prendrais cette option-là.

    Mais ça s’est quand même bien passé, somme toute. Comme Eka a dit, le début a pas nécessairement été facile, mais tout est revenu dans l’ordre. Donc c’est effectivement quelque chose que je suis prêt à refaire. Puis je choisirais pas une autre maman pour mes futurs enfants.

    Annie, ta Doula Ostéo

    Qu’est-ce que vous diriez aux couples qui nous écoutent, qui attendent un bébé et qui ont peur de vivre des rebondissements?

    Comment est-ce qu’on peut le mieux possible vivre cette aventure-là pleine de rebondissements.

    Abraham

    Au niveau purement préparatoire, nous on s’était vraiment très fortement concentrés sur les vidéos prénataux de OPALEO. Ça, ça se prévient parce qu’on était très bien préparés à l’accouchement, mais il n’y a pas vraiment de temps de pause entre l’accouchement et le post-natal.

    Puis le post-natal, il y a quand même beaucoup de choses à apprendre assez rapidement. Donc, je pense que ça vaut la peine aussi de prendre un petit peu d’avance et de commencer à penser au postnatal avant l’accouchement pour ne pas être pris par surprise quand il faut nourrir un bébé pendant 24 heures et qu’il ne veut pas boire.

    Annie, ta Doula Ostéo

    C’est un commentaire que j’ai souvent des gens qui commencent le programme OPALEO postnatal qui me disent on aurait dû commencer à écouter les vidéos avant l’accouchement.

    Annie, ta Doula Ostéo

    Cet épisode, je l’ai écouté évidemment à plusieurs reprises dans toutes les étapes de pré-diffusion. À chaque fois que je l’ai écouté, j’ai pleuré ma vie. Je ne sais pas toi comment tu t’es sentie en écoutant le partage d’Ekaterina autour de son vécu de la césarienne.

    Je sais que c’est important d’être résiliente en lien avec la naissance, je sais qu’il y a plein de choses qui peuvent arriver qui sont totalement imprévues…

    Tu l’entends probablement dans ma voix, je suis émotive en te racontant ça, je suis aussi très en colère. Je ne comprends pas comment à notre époque, au Québec, qu’on ne puisse pas comprendre que donner naissance ce n’est pas seulement sortir un bébé de notre ventre.

    Pour moi, c’est totalement inacceptable qu’encore de nos jours, on gèle le cerveau des femmes lorsqu’on les amène en césarienne.

    Bien sûr que si j’ai une césarienne demain, je veux avoir une rachis, je veux être gelée au niveau de mon utérus, au niveau de ma peau, parce que ça ne servira absolument à rien d’avoir de la douleur, mais j’aimerais aussi être présente pour accueillir mon bébé. Et ça, pour moi, c’est inacceptable. Inacceptable qu’on ne se questionne pas par rapport à ça. Je continue à penser, j’ai accompagné plusieurs césariennes, à de nombreuses reprises j’ai été témoin de ce que Ekaterina a raconté par rapport au fait que les mères perdent leurs souvenirs d’après l’accouchement, ne se souviennent pas des premiers moments avec leur bébé. À quel point c’est grave? C’est grave parce que ça a un impact à long terme pour plusieurs d’entre nous. Tu l’as entendu, Katerina a été capable de passer par-dessus ça. Elle a maintenant un lien qui est très, très fort avec sa fille. Mais je te le dis, Pour certaines femmes, ça ne sera pas possible de réparer cela en lien avec un accouchement qui a été difficile, traumatique et qu’en plus on engourdit. Pourrions-nous avoir la chance, s’il vous plaît, de choisir? Est-ce que je veux être anesthésiée seulement du ventre et être très présente pendant l’intervention, pendant la naissance de mon bébé, pouvoir le voir réagir, pouvoir vivre ça avec mon chum, avec ma blonde, ou est-ce que je préfère être engourdie et du ventre et du cerveau. Mais il faut absolument que les femmes soient impliquées dans ce choix-là. Et si Ekaterina m’avait dit, Annie, on m’a demandé si je voulais avoir plein de calmant pour pouvoir m’assommer et j’ai dit oui, je ne serais pas dans un état de peine comme je suis présentement parce que ça aurait été un choix éclairé, ça aurait été un choix de sa part. Mais, je sais, pour avoir accompagné plusieurs femmes, que la très grande majorité des femmes vivent ça sans avoir le choix. Puis, sais-tu qu’est-ce qui est très grave là-dedans? C’est que je pense sincèrement que les gens qui sont pensés à l’opération ne voient pas le problème. C’est-à-dire que je ne pense pas que l’anesthésiste, d’ailleurs, ECAT m’a dit à quel point elle l’avait trouvé gentille. Gentille ou gentille, je ne sais plus si c’était un homme ou une femme. Donc, ça n’a rien à voir avec on est gentil ou on n’est pas gentil. Ça a à voir avec, il faut se questionner, là. Là, on est en 2023. On n’est plus en 1940. On n’accepte plus de nos jours de se faire voler nos enfantements comme ça en disant absolument rien du tout. Quand une femme a une césarienne et qu’en plus elle avait voulu avoir un accouchement vaginal, naturel, physio comme c’était le cas des quatre et que malheureusement il y a des raisons médicales pour lesquelles on doit aller en césarienne, ben je vous en supplie ne le volez pas en plus la naissance par césarienne, voyez-vous à quel point ça n’a aucun bon sens, à quel point ça va avoir un impact pour la suite pour de très très nombreuses femmes. Que vois-tu, j’ai encore le sanglots dans la voix, puis en même temps il y a la colère qui se mêle à ça. Je ne sais pas comment on peut comme société faire ce genre de choses-là sans se rendre compte que ça n’a pas de bon sens et qu’on doit se questionner. On doit permettre aux femmes qui n’ont pas la chance de vivre un accouchement naturel, physiologique, d’avoir la chance quand même de vivre une expérience d’empowerment, même si ce n’est pas à travers un accouchement vaginal, à travers un accouchement physiologique. Et d’autant plus, c’est encore plus important à quelque part, parce que pour de nombreuses femmes, la césarienne, c’est le scénario qu’elle ne voulait pas. C’est celui qu’elle espérait éviter. Alors pouvons-nous, s’il vous plaît, se questionner pour leur offrir une opportunité de vivre une expérience la plus positive possible. Et quand je l’entendais dans son témoignage, je m’excuse, dire à quel point ça a été difficile pour elle, que Abraham ne soit pas avec elle, Ça aussi, ça me fait vraiment questionner. Je comprends, je comprends comme elle le comprend, qu’il y avait des manoeuvres et qu’il y avait de l’anesthésie à faire, qu’il y avait plein de choses qu’il devait mettre en place pour la césarienne et qu’un compagnon, une compagne à ce moment-là aurait été un peu dans le chemin. Oui, je le comprends. En même temps, pouvons-nous s’il vous plaît nous questionner? Parce que cela, c’est des traumas, C’est des choses avec lesquelles les femmes vont vivre toute leur vie durant. Et moins la femme a la résilience nécessaire, moins la femme est outillée, moins elle est dans une situation économique favorisée, plus ça va être difficile pour elle de passer à travers ça. Alors, lui laisser dans ce genre de situation-là, sa personne-ressource, son ancrage, ça me semble hyper important. Est-ce qu’on peut faire les choses autrement? Est-ce qu’on peut aussi s’organiser pour avoir un protocole plus clair? Parce que moi, je l’ai souvent vu, je l’ai souvent vécu quand j’ai accompagné des femmes ou des couples en césarienne et de me retrouver dans le corridor, c’était même pas ma blonde imagine, me retrouver dans le corridor, je sais pas où aller, je sais pas si les gens vont m’oublier, s’ils vont venir me chercher pour la césarienne. Imagine, puis moi j’étais une accompagnante d’expérience, j’en ai fait des accouchements, puis c’était hyper insécurisant. Moi, d’imaginer Abraham qui est dans le corridor, qui se demande où est rendu sa blonde, puis est-ce qu’il y a quelqu’un qui va venir le chercher, ça me met, ça me chamboule énormément. Puis je sais que c’est pas ça l’expérience maximale qu’on peut offrir à un couple à travers une naissance qui n’est pas celle qu’on prévoit. Et là ça se peut que dans ta tête tu dises oui mais Annie, t’es une césarienne qui n’était pas prévue. C’est toujours comme ça, j’en ai vu plein une césarienne, ce qu’ils vous ont raconté c’est exactement comme ça que ça se passe tout le temps. À de très nombreuses reprises même mes clientes ont demandé à ne pas être gelées du cerveau, de seulement avoir une anesthésie pour engourdir les sensations douloureuses au niveau l’utérus. À chaque fois, elles ont perdu la mémoire court terme suite à leur accouchement, court, moyen terme après l’accouchement. Ce n’est pas normal. J’aimerais qu’on puisse se questionner par rapport à ça. Que voilà, je t’invite à aller dans la page de l’épisode pour pouvoir aller voir ce qu’on a préparé pour toi. On a installé dans le fond l’exercice dont Ekaterina vous a parlé, avec quelques exemples pour que tu puisses te l’approprier. Je souhaite que ton accouchement soit le plus positif possible. Là, je suis encore beaucoup dans l’émotion. Je t’avoue que maintenant, c’est sûr que l’eau a passé sous les ponts pour Abraham et Catherine, évidemment. Et ils sont une magnifique famille. Tout va bien. Leur petite fille va bien aussi. Mais j’aimerais vraiment qu’on puisse profiter de leur expérience de façon à pouvoir peut-être faire changer les choses de façon à ce que ça puisse être différent dans les mois et les années à venir pour les femmes et les couples qui auront à faire face à une césarienne qui est non désirée parce que bien entendu si tu as désiré avoir une césarienne peut-être que le deuil sera moins grand mais peut-être que tu aimerais ça toi aussi être présente pour acquérir ton bébé. Ça se peut que si on te donne le choix ce soit ça ta préférence malgré le fait que la césarienne est désirée. Donc je t’invite à me rejoindre la semaine prochaine pour une autre aventure, un autre épisode de podcast. Je t’embrasse très fort et je te souhaite une magnifique journée.