✨ Tu trouveras la vidéo que j’ai enregistrée pour accompagner cet épisode un peu plus bas sur cette page.

Les femmes de ma famille ont des bassins trop petits pour donner naissance vaginalement.
 
C’est la croyance qui était bien présente dans la famille à Valérie lorsqu’elle est devenue enceinte de son premier bébé.
 
Dans cet épisode elle nous raconte son processus de recherche d’autonomie à travers ses deux enfantements.
 
En fin d’épisode, on en a aussi profité pour parler d’allaitement prolongé.

LES ASTUCES QUE VALÉRIE A UTILISÉES

  • Acupuncture
  • Bain
  • Ballon
  • Compresse
  • Création de l’ambiance
  • Déclenchement naturel
  • Huile de ricin
  • Instinct
  • Musique
  • Piscine
  • Points de pression
  • Rituel pour l’accueil du bébé
  • Sons

CONTACTER ANNIE

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Sujets abordés dans cet épisode

  • Accouchement sans péridurale
  • Accouchement en milieu hospitalier (hôpital)
  • Accouchement à domicile
  • Accouchement avec des sages-femmes
  • Gestion de la douleur
  • Instinct
  • Lâcher-prise
  • Naissance physiologique
  • Prévention de la conjonctivite néonatale et recommandations de la société canadienne de pédiatrie
  • Rôle de l’équipe
  • Sages-femmes

Interventions dont il est question dans cet épisode

  • Poussée bloquée pour la première naissance
  • Stripping (décollement des membranes)
Transcription de l'épisode

Annie, ta Doula Ostéo

Les femmes de notre famille ont des bassins trop petits pour donner naissance vaginalement. C’est la croyance qui était bien présente dans la famille à Valérie lorsqu’elle est devenue enceinte de son premier bébé.

Dans cet épisode, elle nous raconte son processus de recherche d’autonomie à travers ses deux enfantements.

À la fin de l’épisode, on s’est fait plaisir, on en a profité pour parler également d’allaitement prolongé.

Bienvenue Valérie, très heureuse de t’accueillir. Tu as une expérience à nous raconter qui est assez extraordinaire. Tu as vécu deux enfantements

Cela fait partie de la richesse du partage que tu vas venir nous faire aujourd’hui, parce que tu as dû, lors de la naissance de ton premier bébé, faire des concessions, trouver ton chemin dans un lieu, dans un espace qui n’était peut-être pas exactement celui que tu aurais voulu. Après, pour ton deuxième, il y a complètement autre chose qui s’est ouverte à toi.

Valérie

Ça me fait vraiment plaisir de partager mon expérience. Oui, Effectivement, à ma première grossesse, j’étais aux études. Ça m’est arrivé un peu comme une belle surprise. Mon conjoint de l’époque avait un stage, fait que là on avait déjà planifié de déménager, on était aussi établi à Montréal.

Ça a fait beaucoup de changements dans la matière. Au départ, j’avais envisagé avoir un suivi sage-femme à Montréal. Puis là, comme le déménagement était imminent, j’ai accepté le fait que ça allait être différent de ce que j’avais prévu.

Dans le fond, c’est ça, tu sais, je savais déjà la physiologie de l’accouchement, puis ce que peut créer la cascade d’intervention. Puis tout ça, c’était déjà acquis en moi.

J’avais déjà des appréhensions à ce que ça se passe autrement, mais en même temps je me disais, en ayant ces apprentissages-là en moi, bien j’allais peut-être pouvoir influencer mon environnement, peu importe comment il allait être.

Alors Voilà, j’ai déménagé super enceinte de 6 mois dans une tempête de neige vers Sept-Îles. Je pense que c’est comme ça qu’il fallait que ce soit à ce moment-là.

Valérie

J’ai poursuivi mon suivi de grossesse avec une obstétricienne à Sept-Îles.

Je pense qu’elle n’avait jamais vu quelqu’un qui était aussi informé de façon alternative sur la grossesse. Elle n’avait jamais vu un plan de naissance comme celui que je lui amenais. Elle a été surprise aussi que chacun des points que j’amenais, j’avais une raison pour laquelle je ne voulais pas telle et telle intervention. Puis je voyais aussi la résistance du personnel à certaines choses que je demandais.

Plus les semaines avançaient, plus ma grossesse avançait. Il y avait une partie de moi qui me questionnait à savoir si c’était envisageable de faire une naissance à la maison non assistée. Mais en même temps, je veux dire, ça fait ressortir aussi toutes sortes de peurs, parce que c’était ma première grossesse, j’avais jamais vécu ça, mon chum de l’époque non plus, il n’avait jamais vécu ça.

On habitait à 30 minutes, mais avec l’hiver, ça pouvait être 45 minutes de l’hôpital. Il y avait aussi les risques qui étaient associés à ça. Puis là j’en parlais à ma famille, ma mère est infirmière au bloc opératoire, elle voyais tous les pires accouchements qui finissent en urgence, puis elle a elle-même accouché par césarienne parce que sa première, il y avait eu des complications qui auraient peut-être pu être fluidifiées avec une approche alternative. À l’époque en 1984 pour ma soeur ça n’avait pas été possible, elle avait terminé en césarienne.  Elle avait eu une césarienne, les deux autres enfants étaient par césarienne aussi. Elle s’était fait dire par un médecin que c’est parce qu’elle avait le bassin pas assez large. Il y avait beaucoup d’appréhension dans ma famille. Elles me disaient « Ah, t’as jamais eu d’enfant ».

Puis là, ma sœur, elle avait eu ses trois enfants aussi par césarienne. Dans le fond, il y avait une croyance que nous, les femmes dans ma famille, on ne pouvait pas accoucher normalement. Notre bassin n’était pas assez large, puis il y avait quelque chose qui bloquait, mais moi, en dedans de moi, j’avais vraiment le sentiment que ça, c’était leur expérience, puis que moi, bien, j’avais l’impression que je pouvais faire ça naturellement, j’avais cette confiance-là en mon corps.

Ça fait que j’ai été en dialogue comme ça avec mes parents pendant un bout de temps, juste pour aussi faire réaliser à ma mère qu’elle avait cotoyé les pires expériences. Mais parfois ils sont aussi provoqués par toutes les interventions qu’on induit, que peut-être qu’il n’y aurait pas eu toutes ces césariennes-là aussi, tu sais, Il y a aussi la préparation à la naissance.

Pour une femme, c’est tellement intimidant de faire face à cette intensité-là du corps qu’on n’a jamais goûté. On est tellement dans un inconnu, intense.

La préparation, c’est vraiment une des motivations pour laquelle je suis là aujourd’hui. Je pense que, moi je suis dans la trentaine, beaucoup de nos mamans ont accouché par césarienne, alors elles ne peuvent pas nous transmettre ça. Comment on vit un accouchement, comment on plonge dans cette intensité? Comment qu’on fait confiance au corps, comment qu’on se dilate là-dedans.

J’ai eu des semaines  d’échange avec ma maman, toujours dans l’optique de peut-être accoucher à la maison où on habitait, qui était sur le bord de la mer, à 30-40 minutes de route de l’hôpital.

Après avoir bien évalué ça, finalement on s’est dit « Ah, on pourrait peut-être faire quelque chose d’hybride ». On s’est dit, si on fait une grosse partie du travail plutôt à la maison de mes parents qui est dans la ville. Puis tout dépendant de comment ça va, peut-être que tu pourrais accoucher à la maison sans assistance ou peut-être que tu pourrais transférer les dernières minutes si tu sens qu’il t’en a besoin. Avec beaucoup d’argumentation, L’obstétricienne a accepté de poursuivre en grossesse prolongée. Normalement, il provoque toutes les femmes à 40 semaines, à la fin de 40 semaines, ça devient stressant.

40 semaines et 5 jours, normalement. J’ai essayé d’argumenter. J’ai dit que tout est lent. En moi, ma pulsation cardiaque est lente, ma pression est basse, mon cycle menstruel à l’époque était de 35 à 38 jours.

Fait que là, finalement, on dit Ok, là, je vais te laisser aller jusqu’à 41 semaines et quelques jours. » Je pense que mon corps voudrait être enceinte plus que 42 semaines, puis je pense que ça aurait été très bien comme ça, puis pour avoir parlé avec des sages-femmes. Je pense que dans d’autres cultures, on laisse aller le processus plus longtemps.

Annie, ta Doula Ostéo

Ici, au niveau culturel, c’est vraiment quelque chose qui est très, très établi.

Et ce qui est assez fascinant, c’est que les règles sont différentes d’un hôpital à l’autre. C’est à dire que là tu l’as nommé, dans l’hôpital où tu étais c’était quelques jours passé 40 semaines, il y a d’autres hôpitaux qui vont nous laisser jusqu’à 41, d’autres 41 et 2,7. En maison de naissance tu peux aller jusqu’à 42. Je me dis là, à un moment donné, il y a quelque chose qui ne fonctionne pas.

Valérie

Parce qu’il y a tellement de femmes qui sont provoquées, à un moment donné peut-être qu’on peut se questionner, est-ce que le cycle naturel ne serait pas plutôt autour de 42-43?

Annie, ta Doula Ostéo

Finalement, est-ce que tu as eu une induction? Oui, c’est ça. J’ai eu un stripping, ça n’a pas fonctionné. Après ça, j’ai eu un autre stripping où elle a vraiment fait un bon décollement des membranes. Et puis là, le travail a débuté comme 10-12 heures après.

J’étais sur le ballon. On avait un gros chien à l’époque. C’est tellement fascinant comment les animaux ressentent ce qui se passe. Dès le début des contractions, il était tout prêt, il mettait sa patte avec tellement de bienveillance, alors que c’était une espèce de chien de plus de 100 livres.

En tout cas, tranquillement, je sens que ça avance, les contractions s’intensifient. Et ayant jamais vécu ça, à un moment donné, je trouvais que ça semblait vraiment rapprocher les contractions, ça me semblait intense. C’est que là, on est allé à l’hôpital, puis dans le fond, pour qu’ils nous gardent à l’hôpital, il fallait être dilaté à 4 centimètres et plus. Puis là, j’étais à 3 centimètres. Il a fallu retourner à la maison.

Puis en tout cas, toutes les femmes qui ont déjà accouché le savent faire de la voiture. Quand t’as des contractions, c’est comme… Moi j’étais comme, mais voyons donc, pour un centimètre, gardez-moi donc, non? 

Annie, ta Doula Ostéo

En même temps, c’était peut-être te rendre service parce que quand on est tôt à l’hôpital, des fois, ça les chicotte de nous aider, tu comprends?

Puis peut-être que t’aurais eu des propositions que t’avais peut-être pas envie de vivre, que c’est un peu l’avantage d’arriver le plus tard possible en guillemets.

Valérie

J’ai fait un autre petit bout du travail. Je ne suis assoupie un petit peu. Je me suis réveillée avec des contractions plus fortes, puis on était retournée à l’hôpital.

Effectivement, il me semble que j’étais à 4 centimètres. Dans mon plan de naissance, c’était marqué que je devais passer un long bout du travail dans le bain. J’avais accueilli toutes les contractions dans l’eau. Je vivais vraiment les contractions avec intensité, mais entre les contractions, même si c’était un très court moment, je m’endormais. Je pense que peut-être que le corps, naturellement, veut tellement se reposer parce qu’il connaît l’intensité du travail.

En tout cas, J’ai fait un long bout du travail comme ça jusqu’à ce que je sente finalement l’envie de poussée. Comme c’est la première fois que je vivais ça, j’avais l’impression qu’il fallait que j’aille à la salle de bain, mais en même temps je me souvenais que je m’étais fait dire ça, que si j’avais cette envie-là, c’est parce que c’était le moment de pousser.

Puis voilà, on avait dit ça à l’infirmière, puis le classique de région, l’infirmière était là « Ah non, ne poussez pas » On appelle le médecin. Ma fille était déjà engagée dans le vagin, dans le fond. Puis c’est ça, l’arrivée du médecin, ils nous ont mis de la pression pour qu’on aille sur la civière.

En tout cas, à partir du moment où le médecin est arrivé, il y avait tellement de non-sens. Mon autre chum de l’époque, il était en mode confrontation pour faire respecter le plan de naissance. Puis là, en même temps, moi, je voyais dans l’énergie toute la tension que ça créait. Puis je me disais, je veux juste avoir la paix et l’harmonie.

Puis écoute, je suis prête à faire des compromis juste pour que ça soit paisible s’il vous plaît. Fait que je m’étais levée, j’étais allée dans la chambre, puis là je me suis mise, je sentais que mon corps voulait être plutôt accroupi ou à quatre pattes. Puis là la médecin elle avait dit: “Ah ben là je vois rien, je peux pas faire mon travail”. Écoute je pense que j’étais partie à rire, je disais, mais voyons donc. Fait que là, j’étais à un moment, ok, je vais le mettre sur le dos.

Puis là, il y a plein de petites sortes de complications, entre guillemets, dans le sens que là, les poussées ont ralenti, le coeur du bébé a décéléré un peu, mais tout ça, je voyais la situation, en même temps je voyais la cause, puis en même temps j’ai une partie de moi qui trouvait ça drôle, mais en même temps je trouvais ça un peu pathétique.

Mais bon, ma fille continue à descendre, la prochaine contraction est arrivée, puis là j’ai poussé du meilleur que j’ai pu, puis j’ai pris ma jambe en étau aussi pour me donner une force, même si c’était inefficace, mais voilà, j’avais fait ça sur le moment. La médecin ne savait pas ça de moi non plus, mais je suis hyper laxe, fait que dans le fond, en tirant sur ma jambe, j’ai subluxé ma hanche, puis dans le fond, ma jambe, ça a pris trois heures avant qu’il s’en rende compte.

Après avoir accouché, dans le fond, j’avais la joie d’avoir mon bébé, mais j’étais comme, aïe, aïe, aïe, c’est quoi cette douleur-là qui reste vraiment intensément? Puis ça a pris trois heures à ce que l’heure des visites soit là, que mon père vienne me voir, puis il me dit, « ça me semble, ma fille, ton pied, il n’est pas dans l’angle habituel d’un pied.

C’est ça, il a fait venir le chiro de famille parce que l’orthopédiste n’était pas disponible. Mon chiro est venu à midi, ça faisait presque 6 heures que ma hanche était comme ça, subluxée. Ça fait toujours une sensibilité que je garde dans la hanche, mais ça a quand même bien guéri. Mais bon, ça aurait tout pu être évitable si, à la base, j’avais gardé la position avec laquelle je voulais faire sortir mon bébé. Pour clore cette histoire-là, l’important, c’est que ma fille est sortie, est en parfaite santé. 

Avec tout ça, c’est pour ça que je voulais qu’il y ait ma seconde naissance. À l’époque, je me disais, comme je suis artiste, juste un enfant, ça me suffit. Puis finalement, j’ai rencontré mon amoureux actuel.

Puis rapidement, on a eu envie d’avoir un bébé. On fait de l’art tous les deux, mais on s’est dit, on a envie de créer un être humain. Un être humain, de créer notre famille. On a fait l’amour, puis tout de suite, c’est étrange, mais tout de suite, j’ai senti que j’étais enceinte.

Puis très, très rapidement, j’ai appelé une maison de naissance parce que là, je savais exactement ce que j’avais envie de vivre pour une prochaine expérience d’enfantement.

Ah mon dieu, vraiment là! Fait que c’est ça, tout de suite on était sur la liste d’attente, puis on espérait avoir une place. On entendait parler qu’il y avait des listes d’attente et qu’il manquait de services sage-femme à Montréal.

Vers les trois mois de grossesse, on a eu l’appel comme quoi on allait avoir un suivi. Ça, c’était une fête. Tout de suite, ça a été un coup de foudre avec notre sage-femme qui était désignée à notre couple. Elle s’appelait Myriam. C’est une sage-femme qui avait sa pratique en Algérie pendant plusieurs années. Elle nous expliquait que la pratique sage-femme, surtout elle était en zone plus en campagne, fait que dans le fond il n’y avait pas vraiment d’hôpitaux proches, alors la pratique était un peu à cheval entre la médecine et la pratique sage-femme, dans le sens que sa pratique était beaucoup plus large qu’au Québec.

Elle accouchait les grossesses gémellaires, les jumeaux, elle accouchait les bébés en siège. Elle était habituée à gérer des problèmes qui, normalement, s’ils arrivent au Québec, les sage-femmes transfèrent tout de suite à l’hôpital. Ça fait que voilà, c’était vraiment… Je me suis sentie tout de suite en confiance.

Annie, ta Doula Ostéo

Magnifique. Et là, tu as, dans ta préparation à l’accouchement, tu as décidé d’avoir une piscine dans ta maison.

Comment ça se passe quand on décide d’avoir une piscine dans la maison? Est-ce que premièrement il faut comme évaluer la force du plancher?

Valérie

C’est une question très terre à terre, mais oui effectivement, nous à l’époque notre propriétaire habitait en bas, donc on l’a informé de ça. Moi j’avais même aussi informé les voisins que c’était mon désir d’accoucher à la maison, puis je voulais savoir si eux aussi étaient à l’aise avec ça. Puis mon propriétaire de l’époque, c’était un ancien ambulancier, il trouvait ça beau, il était enthousiaste par le projet. On accueille la vie. On a été très bien reçus par le voisinage, puis il m’a confirmé que le plancher était bien solide. Après ça, on s’est demandé «bon, ok, où est-ce qu’on trouve ça maintenant, une piscine d’accouchement»?

On a regardé si c’était avantageux de l’acheter, l’acheter usagée. Finalement, on a trouvé un endroit en Ontario qui louait des piscines d’accouchement.

Annie, ta Doula Ostéo

À partir du moment où le travail commence, comment s’est passée cette naissance-là qui ressemblait beaucoup plus à toi, à qui tu es, à ce que tu désirais.

Valérie

Pour la deuxième naissance, encore une fois, comme je disais, je pense que mon corps aurait une gestation plus longue que la moyenne. Même si le processus, on accepte, les sages-femmes poursuivent l’accouchement jusqu’à 42 semaines, ils m’ont bien expliqué qu’au-delà de 42 semaines dans le fond leur pratique se termine là, fait que j’aurais accouché à l’hôpital, c’est une chose que je voulais pas.

J’ai accepté d’avoir un stripping à 41 semaines. Parallèlement à ça, j’avais aussi des stimulations en acupuncture. J’avais des traitements au deux jours qui ont vraiment aidé à ramollir le col et démarrer le travail. Et voilà, dans le fond, la journée de déclenchement avec les sages-femmes, c’est vraiment efficace. Ils ont un protocole bien établi, ils font un stripping, après ça, ils te ploguent sur le tire-lait pendant cinq heures. C’était vraiment comme la limite. Ils m’ont donné aussi le fameuse “huile de ricin”.

Ça a été intense, mais ça a vraiment bien fonctionné. J’ai passé à la maison de naissance. Puis à partir du moment où le bouchon muqueux est sorti.

La sage-femme m’a dit « bon, mais là, c’est le moment, si tu veux aller à la maison ». Alors, on s’est déplacés. Puis, en fait, c’est ça, j’ai oublié de te mentionner, malgré la COVID, on a réussi à négocier que mon frère qui est chiropraticien et sa femme soient là.

C’est eux qui seront occupés de toute la logistique, de gonfler la piscine, de remplir la piscine, de m’amener des compresses d’eau chaude, d’eau froide, de m’amener de l’eau, de me faire les fameux points de pression dans le sacrum.J’avais un service professionnel 5 étoiles, je me sentais tellement avec un « dream team » là. J’ai des photos de moi sur le ballon, puis mon frère me fait des points de pression dans le dos. Sa copine est là, elle tient le tire-lait pendant que je bois de l’eau, tu sais. C’est quasiment Cléopâtre version accouchement!

En tout cas, on a continué la stimulation comme ça. Alors, à un moment donné, ça a vraiment bien démarré, des contractions efficaces. À partir de ce moment-là, j’ai juste embarqué dans la piscine qui était dans la cuisine. On a tamisé les lumières, on a mis des chandelles, de la musique douce. Dans le fond, la grosse partie du travail actif, Mon chum était dedans, la piscine avec moi, on se faisait des câlins, j’accueillais les contractions doucement. Je fais de la musique dans la vie, je suis chanteuse, puis dans le fond, ça me disait juste de faire des espèces de longs sons filés avec la contraction. Puis c’est comme si le son de ma voix était comme une planche sur une vague, tu sais. Je sentais que de la laisser arriver, venir, ça s’intensitait, puis ça se dissipait. Puis après ça, je reprenais mon souffle, il y avait un moment de calme.

Puis de plonger dedans, dans cette intensité-là, Une seconde fois, on dirait que je connaissais le chemin pour m’expandre, d’une certaine façon me dilater dans cette intensité-là. Au début, quand on connaît ça la première fois, on a juste tendance à se crisper parce qu’on n’est pas habitué de se dilater dans cette douleur-là, il faut le dire.

Le corps travaille fort pour ouvrir, pour pousser le bébé. En fait, j’ai compris plus mon rôle d’accompagnement avec mon corps qui est de laisser faire son travail et de ne pas obstruer le travail qui veut se faire, puis plutôt lui laisser toute la place. C’est sûr que de m’entendre sur le moment, le son de la voix était plutôt intense à certains moments, mais tout ça, ça fait partie… Je pense qu’il faut embrasser aussi cette intensité-là. Puis dans la voix, c’est sûr qu’on entend l’intensité aussi.

Annie, ta Doula Ostéo

quelque chose même physiquement, dans les postures. C’est quelque chose de très actif, même si on est dans le lâcher-prise.

Valérie

Ah oui, il y a une force qui s’exprime justement, c’est la douleur dans le fond. Si tu es en combat face au travail qui se fait dans ton corps, tu perçois toutes les contractions qui sont là comme douleurs.

Plutôt que subir le mouvement que le corps fait de sortir le bébé, c’est comme si tu l’embrassais. Tu es dans l’intensité plutôt qu’être dans la douleur, mettons. Je ne sais pas si c’est clair la façon dont je t’exprime.

Annie, ta Doula Ostéo

Absolument. À quelque part, c’est ça. On n’est pas dans « je subis », ce qui est en train de se faire. C’est qu’il y a une très très grande intensité, puis je me marie avec cette intensité-là.

Valérie

Oui, exactement. Dans le fond, dans la cuisine, on était juste vraiment un petit cocon familial. Il y avait moi et mon amoureux dans la piscine. Et autour, il y avait mon frère et sa copine qui étaient très discrets, qui me demandaient si j’avais un besoin, ajuster la musique. C’était vraiment très tranquille.

C’était tellement précieux ce moment-là. Les sages-femmes, on en avait parlé, je voulais vraiment ce petit noyau-là, de faire ça vraiment en famille, en petits cocons. Ma sage-femme me disait, écoute, il n’y a pas de problème.

Moi, je vais rester dans le salon. Le salon est à l’autre bout de l’appartement. Tu vas voir, Moi, juste avec le son, je sais déjà où est rendu le travail. Alors là, juste à entendre les sons de ma voix, elle disait 

Des fois, la doula, la copine de mon frère, elle allait voir la sage-femme, « Est-ce que tu veux faire un toucher?” Elle répondait: « Ah non, avec le son, je pense qu’elle est rendue à tant de centimètres. » Son aise et sa détente nous détendaient aussi dans le processus, puis facilitait le processus. Elle avait une stagiaire qu’elle envoyait juste prendre le pouls du bébé, parce que ça faisait partie de son développement aussi, puis c’est important de le faire aussi, mais c’était vraiment les seules interventions qu’on avait.

Puis là, sur un certain moment, ça s’est intensifié. Mériam est venue, elle a mis comme des longs gants noirs, elle a dit « Valérie, tu sais, quand je mets ces longs gants-là, c’est une bonne nouvelle.

Puis là, dans le fond, elle m’a juste orientée à savoir… Parce qu’il y a juste des petites choses basiques. Quand on fait sortir le bébé dans l’eau, c’est important que le bébé reste dans l’eau pour toute la sortie. 

Moi, j’avais hâte depuis des dizaines de semaines de voir mon bébé, une partie de moi qui a envie de pousser vite.  Mais non il faut pas que ça se passe comme ça si on veut pas avoir de déchirure.

Il faut accepter que le bébé descend un peu dans la contraction, puis là après ça y remonte un peu dans le vagin, fait que là comme ça ça laisse les tissus s’étirer doucement, retrouver leur forme, avoir une bonne élasticité, puis comme ça, il n’y a pas de déchirure, puis on aime ça, pas de déchirure.

Annie, ta Doula Ostéo

Beaucoup de mères qui vont avoir comme tendance de se dire « je vais pousser le plus fort possible pour que ça se termine le plus rapidement possible ».

Valérie

Oui, mais ça c’est un choc aussi pour le bébé dans le fond. En tout cas, c’est ça, j’ai vraiment embrassé ce mouvement-là de va et vient, que le bébé descend un peu, il remonte un peu, il descend un peu, il remonte un peu, puis là, jusqu’à le «ring of fire».

ce fameux bout-là où « oh mon Dieu » tu sais, j’ai senti, j’étais « oh mon Dieu, elle est frisée! J’ai senti ses cheveux.

Puis là, c’est impressionnant parce qu’après ça, mon frère filmait. J’ai vu le vidéo, c’est impressionnant comment, dans le fond, toute la vulve, le vagin se déploie pour laisser sortir un peu la tête du bébé.

Puis là, hop, la contraction dissipe, le bébé re-rentre dans le vagin. Puis là, il y a ce moment de temps mort là, que là tu sais que la prochaine fois, probablement que la tête va sortir, c’est tellement magique. 

Et puis là, la contraction arrive, tu laisses la contraction faire son travail. Ça aussi, on a tellement tendance à vouloir accompagner, puis pousser, puis c’est pas toujours nécessaire de pousser non plus.

En tout cas, le travail se fait, la contraction fait son travail, j’accompagne un petit peu, puis là, hop, la tête sort. C’est ça, elle nous disait bien d’accepter ce moment de calme là, de retour, puis là, de laisser 

Florence, ma fille, a tourné sa tête tout seule. Puis c’est tellement impressionnant, là, on la regardait dans la piscine, l’eau était claire, mais moi je n’ai pas vu parce que mon angle de vue ne le permettait pas, mais je l’ai vu dans les vidéos après.

Tout doucement, elle tourne sa tête, c’est fou, on a l’impression quand on accouche à l’hôpital que le bébé n’est pas capable de bouger. Mais wow, elle est toute serrée dans le vagin, puis pourtant réussie à tourner sa tête pour que son corps sait comment sortir finalement.

C’est tellement impressionnant la nature, c’est fascinant. Fait que voilà, elle a tourné sa tête, puis là, merci aux sages-femmes de savoir ces techniques-là. Dans le fond, pour la sortie finale, il y a une façon de placer leurs mains qui font juste protéger toute la zone du clitoris de la femme, qui fait qu’il n’y a pas de déchirure possible dans ce coin-là.

En tout cas, merci aux sages-femmes. En tout cas, la dernière sortie, c’est impressionnant aussi cette poussée-là, parce que le bébé sort comme si ça avait été vraiment facile tout à coup, comme un petit savon. Flo est arrivée dans l’eau, puis voilà, c’est vraiment l’animal en moi qui fait juste attrapé mon bébé, je la mets sur ma poitrine. Elle tout de suite elle lève sa tête puis elle entend la voix de son papa puis elle se lève vers lui puis elle regarde. C’est tellement magique. 

On ne peut pas voir leur regard mais leur regard est éveillé. C’est vraiment une petite âme qui est là, qui est contente d’arriver, qui est curieuse d’entendre les voix qu’elle entend depuis tout le processus de la grossesse.

Annie, ta Doula Ostéo

Il y a de plus en plus d’hôpitaux qui arrêtent de mettre cet onguent-là en prophylaxie, au cas ou. Donc, il faut vous renseigner pour savoir si ce protocole-là qui est désuet est encore proposé à l’endroit où vous allez donner naissance parce que les recommandations de l’Association canadienne de pédiatrie nous dit de ne pas le faire au cas où et seulement d’en donner aux enfants qui vont présenter des problématiques dans les premières semaines.

Donc renseignez-vous parce que ce que Valérie vous dit, c’est important. Un bébé dans les premières minutes, premières heures de vie, est beaucoup à la recherche du regard, est beaucoup à la recherche de contact, parce que là, il vient d’arriver dans un endroit qu’il ne connaît pas. Il ne reconnaît pas les gens, évidemment, parce qu’il n’a pas eu la chance de nous voir avant. Alors l’idée de ne pas lui embrouiller les yeux, c’est une excellente idée, complètement.

Valérie

C’est tellement magique de partager un regard comme ça avec un petit être pur qui naît. Puis, écoute, le lien d’attachement se fait tout de suite avec ce regard-là. Dans la piscine, directement, j’ai pu le mettre au sein tout de suite. Pour la sortie du placenta, ça a été vraiment rapide aussi. Le placenta est sorti en même pas dix minutes. Une fois que le placenta est sorti, on a mis le placenta dans un petit bol, puis on est allé sur le lit, puis on s’est mis au chaud, puis là les sages-mêmes ont fait leur petit examen de moi, du bébé, du placenta, tout était beau.

On a laissé à Florence tout ce qui lui appartient. Dans le fond, il y a beaucoup de sang dans le placenta qui appartient au bébé, de laisser je pense que c’est au moins 30 minutes, non?

Annie, ta Doula Ostéo

Souvent ça arrête de battre avant, c’est-à-dire que souvent ça va prendre 3, 4, 5, 6 minutes avant que le transfert complet de sang soit fait, mais il n’y a rien qui empêche de laisser plus longtemps puis d’attendre le moment où on se sent prêt d’arriver à cette étape-là. 

Valérie

Je crois que c’est ça, éventuellement, on était dans le lit, on a fait le petit rituel pour couper le cordon, c’est mon amoureux qui l’a coupé, puis voilà, c’était symbolique, Comme quoi maintenant, Florence commence sa vie, on est là pour l’accompagner, mais elle a son incarnation propre à elle.

Annie, ta Doula Ostéo

Il y a quelque chose qui m’intrigue. Oui, là souvent entre frères et sœurs, c’est des relations qui sont porteuses de toutes sortes de choses qu’on traîne et là je me dis tiens inviter ton frère à ton accouchement. Est-ce que pour toi il y avait des enjeux de dire je vais être vulnérable, je vais peut-être pleurer, je vais être dans la nudité, je vais avoir des moments où je vais être justement très animale. Est-ce qu’il y a des moments donnés où tu as eu des inquiétudes par rapport à ça, à cette présence-là, où tu étais complètement dans la confiance?

Valérie

Oui, au contraire, en fait, j’étais complètement dans la confiance. Je savais aussi qu’eux connaissent vraiment la physiologie de l’accouchement. Puis c’est ça, j’ai toujours eu une relation très proche avec mon frère. Je me sentais vraiment soutenue, accueillie dans tout ce processus-là.

Je savais qu’il allait avoir une part plus animale de moi qui allait sortir, mais l’humain, ça fait partie de nous aussi. Moi, je sentais qu’il allait, au contraire, m’accueillir et me supporter dans tout ce que j’allais exprimer. Ils me l’ont dit plusieurs fois avant et durant, et après, ils se sentaient tellement privilégiés d’être là et d’accueillir un nouveau membre de la famille, d’accueillir leur petite nièce qui est là.

Annie, ta Doula Ostéo

Clairement. Est-ce que ce serait possible, là je ne sais pas ce que tu vas me dire, étant donné que tu es chanteuse, que tu as de l’aisance avec ta voix, est-ce que tu serais à l’aise de nous donner un exemple de ce à quoi ça ressemblait les beaux sons que tu faisais pendant la coucheuse?

Valérie

C’est dur à faire, parce que premièrement là, je faisais des sons vraiment plus graves que ce que je fais normalement. En musique, on dit que je serais comme alto, mezzo. Ce n’est pas super grave, mais écoute, je faisais des sons vraiment graves.

Annie, ta Doula Ostéo

C’est super intéressant ce que tu dis. Dans ma formation de chant prénatale, la formatrice, qui était une très ancienne sage-femme, qui a pris sa retraite depuis, nous disait dans la formation que lors de l’accouchement, on avait la possibilité d’ouvrir un régistre qui allait sans doute rester disponible pour un certain nombre de femmes par la suite, mais j’avais jamais rencontré quelqu’un qui me confirmait que oui, c’est le cas.

Valérie

Effectivement, c’était vraiment plus grave. Puis aussi, par moments, c’était vraiment intense. Je me disais “je vais avoir un extinction de voix après l’accouchement ». Puis Finalement, pas du tout.

D’ailleurs, on n’a pas parlé d’après l’accouchement, mais juste un petit détail qui est vraiment le fun, c’est que les sages-femmes ont trouvé ça beau, parce que justement, comme j’avais mon « dream team » avec moi, qui était là pour toute la logistique d’accouchement. Dès qu’on est sortis de la piscine, tout de suite mon frère, ma belle-soeur et Philippe ont vidé la piscine en 20 minutes. Ils se sont mis à faire le souper. On a fait des spaghettis avec des pâtes.

C’est ça, pour revenir au son, j’aurais tendance à dire que la voix commence douce, puis ça augmente, puis ça finit, mais ce n’est pas vraiment ça. Parce que des fois, les contractions, ça saisit, ça commence, puis tout de suite, c’est fort. Puis là, tu gardes la voix vraiment longtemps.

Puis des fois, il y a des petites oscillations aussi dans le son, tout dépendant de l’intensité et du mouvement qui se crée dans ton corps à ce moment-là. Dans le fond, je pense que c’est tellement intense ce moment-là et tout ça que je pense qu’aujourd’hui, étant pas enceinte, étant pas dans ce travail-là, je pense que je ne peux juste pas faire ce genre de son-là avec cette intensité-là et le côté grave que j’étais capable d’avoir, puis tout ça. Mon frère avait enregistré tout ça, fait que si tu veux, je pourrais te partager un extrait.

Annie, ta Doula Ostéo

Valérie a tenu parole, elle m’a bel et bien envoyé un fichier avec les sons qu’elle a fait pendant qu’elle donnait naissance à son deuxième bébé. Je vais t’expliquer à la toute fin de l’épisode comment y avoir accès. Pour l’instant, on revient à notre échange, car Valérie avait également envie de nous parler d’allaitement.

Valérie

Le fait de démarrer l’allaitement dans la piscine tout de suite, on dirait que tout de suite ça a bien démarré l’allaitement. Puis le lien d’attachement était là, je pense que j’étais remplie de d’ocytocine déjà. 

Un détail peut-être qui pourrait aider des mamans qui n’ont jamais allaité un jeune bébé. Moi, l’erreur que j’avais faite avec ma première, c’est que leur bouche est tellement toute petite que je ne voulais pas les «étouffer» avec mon grand mamelon pour leur petite bouche, que je mettais juste le petit bout dans leur bouche.

Et là, ma première fille, j’ai fait la pire mastite de la vie. En tout cas, j’avais passé au travers parce que j’étais très déterminée. Mais pour ma fille, je me suis dit tout de suite, je vais faire bien et elle va s’habituer à avoir tout ça dans la bouche. Puis dans le fond, c’est ça, ça se passe tellement naturellement.

Fait que juste de pincer le mamelon, de mettre l’entièreté du mamelon dans la bouche du petit bébé, sa succion est vraiment plus efficace. Tout de suite, elle a repris son poids. Ça s’est vraiment bien passé.

Annie, ta Doula Ostéo

Absolument. Le fait que le bébé n’ouvre pas assez grand sa bouche et qu’il n’y ait pas assez de mamelons dans la bouche, c’est le premier facteur de douleur de l’allaitement. Et souvent les gens me disent «oui mais là Annie, elle a une petite bouche, elle ne peut pas en prendre plus». Je fais « oui oui, elle peut ».

Valérie

Moi j’avais peur d’étouffer mon bébé mais non, c’est souvent qu’il faut faire confiance en la nature dans le fond. Je pense que, je ne sais pas comment ça se passe physiologiquement, mais j’ai comme l’impression que c’est comme si elle avalait presque un bout, un peu, d’une certaine façon, dans la succion. 

Annie, ta Doula Ostéo

En fait, ça va loin et ça va jusqu’à son palais. C’est le fait que le mamelon touche au palais qui va déclencher le réflexe chez le bébé. Et c’est le fait que tout le mamelon soit à l’intérieur en profondeur de la bouche qui va empêcher les points d’appui. Donc si le mamelon est beaucoup vraiment juste sur le bord, à ce moment-là, ça écrase, la langue frotte sur le mamelon et là on a mal, ça ne fait pas une bonne production de lait, on ne draine pas bien les canaux, donc effectivement risque de mastite et compagnie.

Il faut vraiment que vous ayez un bébé qui ouvre très très grand la bouche et ce moment-là où le bébé ouvre très grand la bouche, c’est une fraction de seconde. Si je le manque, ça passe vite vite vite, je me retrouve avec un bébé effectivement qui a une toute petite bouchée avec des complications. 

Valérie

L’allaitement c’est tellement précieux pour le bébé. Oui, tu sais, puis tant qu’à être ici aussi, je voudrais décomplexer les allaitements prolongés, parce que dans le cas de mes deux filles, l’allaitement se passait tellement bien. Pourquoi arrêter à deux ans, tu sais? Ça lui fait du bien. 

Actuellement, ma fille a deux ans, puis je l’allaite quand même assez régulièrement, plusieurs fois par jour. Ma grande, je l’ai allaité jusqu’à presque 4 ans. À la fin, c’était vraiment pratique l’allaitement. Si un petit bobo, 3-4 gorgées de lait, le bobo est disparu. Et puis pour le dodo aussi, on faisait une petite routine.

C’est un beau cadeau qu’on fait à nos enfants. Puis voilà, moi j’apprécierais vraiment de normaliser ça. Je sens que c’est de plus en plus le cas quand même, parce qu’il y a 7 ans, il y a 5 ans, quand j’allaitais ma grande de 3 ans et demi à 4 ans, j’avais beaucoup de regards ou de commentaires. « Voyons, elle est bien trop grande pour boire.

Alors qu’on peut se questionner, même en tant qu’humain, écoute, on consomme des produits laitiers de vache. Quand on fait le choix de boire des produits laitiers d’un autre animal, pourquoi ça serait mal de permettre à un enfant de boire du lait maternel qui est parfaitement adapté pour son système plus longtemps, aussi longtemps qu’il y a besoin?

Annie, ta Doula Ostéo

Oui, et ce que je trouve très intéressant au niveau affectif, il y a d’autres avantages que tu viens de nommer, mais au niveau affectif, l’allaitement prolongé, c’est que ça permet à l’enfant de s’auto-réguler en fonction de son propre besoin à lui. Et ça, c’est extraordinaire parce que quand tu as 3 ans, tu as 4 ans, tu peux aller chercher ton réconfort au moment où tu en as besoin, plutôt que quelqu’un qui te l’offre à un moment qui est complètement inadéquat.

Je vais en profiter pour te raconter une anecdote. J’ai allaité en tandem, j’ai allaité prolongée, mais il y a longtemps, mes enfants sont grands, moi je suis grand-maman. Donc le regard des autres était compliqué à gérer. En plus, j’habitais en région, dans le Bas-Saint-Laurent, dans un tout petit village où j’étais un peu l’étrange.

Et au moment où mon troisième fils a eu un petit peu plus d’un an et donc mon deuxième un petit peu plus de trois ans, ils étaient tous les deux à l’été, et j’ai eu une pneumonie. Et là tu vas me dire mais où tu t’en vas avec ça, écoute bien l’affaire. J’ai une pneumonie qui n’est pas diagnostiquée lors d’une première visite à l’hôpital. Alors, ils me font toutes sortes de tests, ils ne trouvent pas ce que j’ai. Ils partent sur une piste, quelque chose au niveau du ventre finalement, ce n’est pas là par doute que ça se passe. Mais moi, écoute, je ne suis pas médecin, je ne le sais pas, je retourne chez moi.

Les jours passent, je deviens de plus en plus faible. Mes amis me disent Annie, il faut que tu retournes à l’hôpital. Puis moi je me dis ben je viens d’y aller, ils n’ont pas trouvé. Mais là les jours passent, puis ça devient de plus en plus compliqué. Finalement, il y a une de mes amies qui arrive un matin à la maison. Je suis assise par terre avec mon chum, puis on plat tous les deux. Écoute, ça me rend émotif, parce que mon chum retournait travailler parce qu’il était en vacances et je voyais pas comment j’allais pouvoir gérer la maison. Je n’étais même pas capable de monter les marches tellement que j’étais rendue faible. J’arrive à l’hôpital avec mon ami qui disait au médecin écoute là ça n’a pas de bon sens il faut que tu trouves. Finalement j’ai une pneumonie mais qui est rendue à un état assez grave au point où ils veulent me transférer à Québec. Sauf que moi j’ai deux enfants à l’été là. Fait que là je suis sur une petite civière dans l’urgence qui est séparée avec des petits rideaux, tout petits, donc pas vraiment d’intimité. Et là je dis à mon chum, amène-moi les enfants, parce qu’il faut au moins que je les allaite avant que je quitte. Alors là il débarque avec mon petit gars de un an passé et mon petit gars de trois ans passés.

Je suis assise sur ma civière à l’urgence, sur l’oxygène, en train d’allaiter mes enfants. Écoute, c’était, je me souviens encore du regard des gens qui devaient dire elle est complètement folle. Parce que là on recule, là on recule dans les années 2000. Dans les années 2000, allaiter un enfant de 3 ans, 4 ans. Il y en a qui le faisaient, je n’étais pas toute seule, mes amis le faisaient aussi. Mais c’était quelque chose qui était beaucoup moins visible que ça l’est aujourd’hui.

L’allaitement en tandem, on en parle plus maintenant. À l’époque, on en parlait beaucoup moins. Écoute, je suis complètement d’accord avec toi. Il faut que le regard change. Puis c’est quelque chose de culturel. De la même façon que peut-être que dans ta tête tu dis, dans ta tête voyons accoucher à la maison c’est dangereux qu’est ce que valérie a fait là c’est culturel ces croyances là.

Valérie

Chaque femme doit faire son choix selon les conditions de son corps, de son accouchement. La césarienne, toutes les interventions ont leur place pour des raisons spécifiques, puis c’est très bien comme ça. Même par rapport à l’allaitement aussi, il y a des raisons des fois qui font que l’allaitement c’est plus compliqué.

J’invite les femmes aussi à se déculpabiliser aussi, mais pour les femmes qui ont la possibilité de le faire, faisons-le fièrement. 

Mais non, mais justement, pourquoi le sein est si sexualisé? À la base, c’est un organe nourricier, puis ça, il ne faut pas l’oublier, tu sais. 

Annie, ta Doula Ostéo

En fait, ça change. Et pour ça, on a besoin que toutes les femmes au Québec qui sont à l’aise de le faire puissent allaiter aux vues de tous. C’est ça qu’on a besoin. Allaiter c’est vraiment un geste qui est politique, c’est un geste qui est féministe.

Celles qui sont trop gênées, que tu n’es pas à l’aise, on respecte 100% ça, respecte-toi dans tes limites. Mais toutes celles pour qui ce n’est pas un souci, il faut se montrer. Plus on va se montrer, plus les gens vont s’habituer et plus ça va être normalisé au niveau de la culture. Et ça, je pense que c’est très important.

Puis on part de loin là. Moi quand j’ai allaité mon premier fils qui est né en 94, quand j’étais chez mes grands-parents et que je m’apprêtais à allaiter, mon sein n’était même pas encore dénudé, je te jure ma grand-mère vidait la pièce.

Ce n’est pas une joke là. Aussitôt qu’elle voyait que j’étais en train de me préparer, elle prenait tout le monde par le bras les uns après les autres, puis elle les faisait tous sortir de la pièce. Puis je l’adore, je l’adorais ma grand-maman, vraiment. Mais tu vois, au niveau culturel pour elle, c’était inacceptable. Puis moi, je me retrouvais toute seule, toute seule dans la cuisine, toute seule dans le salon, toute seule dans

Valérie

Ça m’a fait tellement plaisir. Vraiment, j’espère qu’aux auditrices et auditeurs, ça vous inspire, ça vous donne confiance. Et voilà, merci beaucoup.

Annie, ta Doula Ostéo

Alors là, je me suis beaucoup posé la question à savoir est-ce que j’allais inclure le fichier sonore que Valérie m’a fourni directement dans le podcast. Et là, je t’ai imaginé, peut-être avec tes enfants, avec ton chum, peut-être avec ta belle-mère en train d’écouter le podcast, puis je me suis dit que peut-être que les sons spontanés d’accouchement, tout à coup, en plein milieu du podcast, c’était peut-être pas la meilleure stratégie. Donc ce que j’ai fait, j’ai créé dans le fond un espace dans la page qui est dédiée à l’épisode et c’est là que tu vas trouver le fichier sonore que Valérie m’a envoyé dans lequel elle fait des sons complètement fabuleux. Je te propose de prendre un moment de présence à toi, de présence à ton bébé, de te mettre des écouteurs sur la tête et de prendre le temps de t’imprégner de ces sons qui ont été enregistrés vraiment pendant l’accouchement, pendant la naissance. Je te propose aussi de pratiquer, d’explorer, parce que c’est pas vrai que c’est évident pour tout le monde de faire des sons pendant l’accouchement, et pour toutes sortes de raisons. Ça peut être une question de gêne, mais ça peut aussi être simplement une question du fait qu’on n’est pas à l’aise d’explorer avec la voix. C’est hyper intéressant, hyper important de se pratiquer, d’autant plus que la respiration pendant la grossesse est altérée par le fait que ta cage thoracique est pas exactement comme elle l’était avant. Tu n’as pas la même amplitude respiratoire, surtout sur l’expiration que tu avais avant, c’est hyper intéressant, important de pratiquer.

Je te rappelle que selon moi, les sons sont la meilleure astuce, le meilleur outil pour la gestion de la douleur. Donc, c’est hyper intéressant de pouvoir vraiment être le plus à l’aise possible quand vient le jour de l’accouchement. Tu peux pratiquer à la maison de façon autonome. Si tu as envie que je t’accompagne dans ta pratique, si tu as envie de devenir plus à l’aise et d’être accompagné sur ce chemin-là, je t’invite à suivre avec moi les rencontres prénatales. Il y a une rencontre prénatale dans laquelle on se jette à l’eau tout le monde ensemble, moi y compris, dans laquelle on pratique vraiment les outils de gestion de la douleur et évidemment également les sons. Si tu as envie d’avoir accès à mes outils gratuits, les 11 clés pour une naissance facilité, découvre les super pouvoirs de ton bébé dans sa première année de vie pour l’accompagner au mieux. Facile, tu peux également aller simplement dans la page de l’épisode ou aller dans la description de l’épisode. Même chose, tu trouveras aussi les liens pour pouvoir t’inscrire à ces différents événements qui sont totalement gratuits.

Si tu as envie de m’aider à faire rayonner le podcast Enfanté librement sans se faire accoucher, je t’invite à aller mettre un beau 5 étoiles. Tu peux le faire sur Apple Podcasts, tu peux également le faire sur Spotify. Si tu veux me rejoindre, tu peux le faire via Instagram et tu peux le faire également via courriel. Toutes les informations sont dans la page de l’épisode. Je te souhaite une magnifique semaine et je te dis à la semaine prochaine!